Une nuit à l'Elysée


Dialogue presque imaginaire entre Nicolas Sarkozy et Claude Gueant, conseiller politique

 

Nicolas Sarkozy : Tu sais, mon cher Claude, que je connais bien Ventabren, que j’y suis déjà allé et que j’envisage d’y acquérir une petite maisonnette pour mon épouse, ma chère Carla. C’est pourquoi la situation de cette bourgade, à un mois des municipales, m’intrigue, et je dirais même m’inquiète : il est en train de s’y passer ce qui a défrayé la chronique à Neuilly.

Claude Gueant : Mais, il n’y a pas le feu ; nous sommes très bien implantés là-bas ; nous avons même trois listes qui se réclament de nous. De toute façon nous serons les gagnants, puisque nous soutenons les trois.

Nicolas Sarkozy : C’est justement là le problème. La liste de gauche est la seule contre les trois, et si ses chances sont minimes, il ne faut pas oublier, moi qui suis féru de culture en général et de culture biblique en particulier, le combat de David contre Goliath.

Claude Gueant : Amen.

Nicolas Sarkozy : ce n’est pas le moment de rire ; la situation peut évoluer très vite de façon gravissime. Alors voilà ce que je te propose :

-        Jean Claude (Gaudin) doit retirer son soutien à Filippi pour ne pas être associé à ce qui risque fort de devenir une planche pourrie

-         Accorder l’investiture UMP à Feynas qui deviendrait première adjointe

-        Donner la tête de liste à ce pauvre Martinon, qui bien que maladroit est un homme très dévoué. Et puis il faut bien lui trouver un point de chute. Si à Neuilly, on lui reprochait d’être trop Neuilly, là-bas, à Ventabren, c’est un défaut qui peut plaire, tant les habitants, et surtout nos électeurs, sont persuadés d’être le seizième arrondissement, en Provence.

-        Pour neutraliser Ollivier et sa liste, il suffira de lui donner une décoration, ou de l’intégrer dans une institution ou une commission consultative (tu sais bien ce que j’en fais). Si elle n’existe pas, cela ne coûte pas grand-chose de la créer.

-        Ainsi il ne restera plus que deux listes à droite ; celle de Filippi sera out puisqu’elle n’a pas réussi à intégrer quelqu’un de gauche ; la notre pourra ratisser beaucoup plus large puisqu’elle va des divers gauches à l’extrême droite de façon quasiment officielle.

 

Reste le problème de l’Héritière qui focalise toutes les passions. Je ne saurais donner tort à Feynas, moi qui n’ai pas construit de logements sociaux durant mes mandatures à Neuilly ; nous devons veiller à préserver notre habitat de manière sélective ; mais il faut reconnaître qu’il y a un certain bon sens dans ce que fait ce brave Filippi : il a compris que si nous voulons être bien servis, il faut pouvoir loger nos domestiques à proximité ; si en plus ils sont nombreux, peut-être que leurs exigences exorbitantes en matière salariales seront modérées. C’est la signification qu’il faut donner aux logements de l’Héritière : reprendre le côté positif et éliminer le côté populiste de ce projet. En résumé pour que rien ne change, il faut tout changer, comme le disait si bien le prince Salina dans Le Guépard.

 

 
            Francis Marx
            Le 13 février 2008

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